Focus > STEPHAN MICUS "Nomad Songs" (ECM)

Quel artiste incroyable ce Stephan Micus ! Ce natif de Bavière, installé de longue date aux Baléares, est probablement le globe-trotter musical le plus accompli, mais aussi le plus avide d'apprentissage, qu'il soit permis d'apprécier actuellement. Car s'il compte, dans son instrumentarium planétaire, quelques compagnons fidèles, telles la cithare bavaroise ou la flûte shakuhachi, l'allemand profite de chaque nouvel album pour ajouter de nouveaux instruments exotiques à un arsenal acoustique déjà pléthorique.


Ce 23ème opus ne fait fort heureusement pas exception à ce principe, montrant une nouvelle fois le talent d'autodidacte d'un Stephan Micus parti sonder de nouveaux horizons instrumentaux du côté de l'Afrique. Deux nouveaux instruments sont ainsi joués pour la première fois par notre barde bien aimé : le ndingo, sorte de métallophone venus du Botswana et le genbri, grande guitare à 3 cordes du Maroc, d'origine gnawa. "Everywhere, Nowhere" titre introductif rassemble d'ailleurs ces 2 nouveaux invités. Un titre en forme de comptine méditative, rythmée par les basses primitives du premier dans un climat d'intimité douce et radieuse.


Au fil des morceaux, cet album révèle un caractère plus tempéré mais aussi moins dévotionnel que son prédécesseur, "Panagia". Un album aux claires lueurs pastorales, qui s'appuie sur une palette instrumentale resserrée. Ainsi, se retrouvent en moyenne sur "Nomad Songs" 2 à 3 instruments par titres, le maximum étant de 5 mais sur un seul morceau ("The Dance"). Des instruments rassemblés en trois familles : les flûtes, les guitares (dont le luth) et le kalimba, fameux petit piano à pouce. En quelques onze titres l'allemand divulgue la quintessence d'un art musical certes bien circonscrit, mais aux éclats poétiques uniques. Un art bonifié par le chant de l'artiste s'exprimant dans une langue inconnue et pourtant tellement familière.

Contrairement à la plupart de ses albums récents, Micus n'use ici qu'assez peu de la technique de l'enregistrement multipiste, c'est-à-dire du jeu simultané du même instrument en de très nombreuses prises. Ce qui renforce le caractère épuré, intimiste, presque live du projet. Mais il se distingue cette fois-ci par un travail pluridirectionnel panachant les différents types de compositions qu'il affectionne et dans lesquels il excelle souvent. Ce qui vaut à ce carnet d'études nomades de se déployer tantôt en ballade naturaliste quasi hippie, alliant flûte et guitare, tantôt en hymnes célestes et universels, parfois aussi en incantations monastiques plus solennelles. Des formes musicales qui ne dérouteront certes pas les fans du majorquais, mais qui renforcent le pouvoir d'enchantement d'un artiste toujours aussi humble et intrépide.

'Nomad Songs' (ECM Records) a été programmé dans la Mission 185 du Solénoïde (actuellement en 'libre écoute')
Titres sélectionnés : "The Promise" + "The Dance" / "Everywhere, Nowhere" / "The Feast"

Liens: ecmrecords.com

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire